Nouvelle Donne : un pari à court, moyen et long termes

Donner du sens à une politique, c’est aussi la replacer dans une évolution historique à long terme. Le pari de Nouvelle Donne est d’intégrer ses positions innovantes dans un récit qui redonne du sens à une période de désarroi. C’est en sachant d’où l’on vient que nous saurons où aller ensemble.

De nombreux phénomènes nous amènent à une sensation de vide quant aux sens de nos vies, individuelles et collectives :

  • la déstructuration de la solidarité nationale par le chômage de masse ;
  • l’ébranlement des identités collectives par l’affaiblissement de la nation ;
  • la remise en question de la sécurité par le transfert des puissances mondiales vers d’autres zones géographiques que l’occident, remise en question qui est alors aussi celle des valeurs universelles qui semblaient les accompagner ;
  • le doute généralisé concernant la pertinence des institutions démocratiques telles qu’elles furent appliquées jusqu’alors ;
  • le bouleversement environnemental lié à l’utilisation des énergies fossiles (depuis 250 ans, l’homme est devenu par ses activités une force géologique. Les géologues parlent dorénavant d’anthropocène) …

Face à l’effondrement d’un monde, il faut faire le pari de l’intelligence collective, c’est-à-dire devenir ensemble capables :

  • de produire des constats globaux de notre situation dans l’histoire ;
  • de réfléchir aux causes qui ont amené à cette situation ;
  • de prendre conscience des conséquences d’une inaction politique : actuellement, nos gouvernants sont comme des techniciens qui entretiennent un moteur défectueux – car il est le seul qu’ils connaissent – au lieu d’en changer ;
  • de construire des modèles et des propositions alternatives.

C’est un pari que de nombreuses associations et mouvements politiques ont pris en charge depuis plusieurs années.

Par leur réflexion et par leurs travaux, les adhérents de Nouvelle Donne participent aussi à l’élaboration de réponses concrètes.

Pour être efficace, Nouvelle Donne propose de donner un sens à l’époque que nous vivons. Il s’agit de transformer notre époque – ressentie par beaucoup comme étant sans issue – en une époque de transition, c’est-à-dire une époque qui va quelque part. Il ne s’agit pas de proposer un modèle de société parfait qui serait à appliquer selon des recettes définitives, mais de mettre en place les conditions sociales, culturelles, économiques et politiques pour que, individuellement ou collectivement, chacun puisse participer à la construction d’un avenir apaisant, où tout individu trouvera sa place.

Pour cela, nous proposons de faire le récit de notre histoire sous un nouvel angle. Savoir d’où l’on vient permet toujours mieux de savoir où il faut aller.

1. Nous vivons la fin de la civilisation des énergies fossiles.

Ce qui forme la cohérence fondamentale de la période contemporaine depuis presque 250 ans, c’est le recours massif aux énergies fossiles. Ce point est le plus petit dénominateur commun à tous les événements que l’humanité a vécus depuis James Watt.

Depuis deux cents ans, les peuples vivent la plus grande transformation historique depuis l’invention de l’agriculture. Cette transformation est fondée sur l’exploitation des énergies fossiles emmagasinées il y a des millions d’années. Cet apport soudain et massif d’une énergie puissante et presque gratuite est à l’origine des essors techniques spectaculaires que nous vivons, mais aussi des évolutions politiques, environnementales, sociales et démographiques.

Le système écologique planétaire ne pourra plus supporter longtemps la résurgence de centaines de milliards de tonnes de carbone soudainement remis dans l’atmosphère après avoir été captés par les arbres durant des millions d’années. Les ressources énergétiques fossiles sont de plus en plus rares et difficiles à aller chercher. Il en est de même pour les autres ressources minières. La course à la rareté pour justifier une consommation effrénée créera un monde de plus en plus violent.

Cette rupture systémique doit être anticipée rapidement.

2. Les modèles politiques des deux derniers siècles sont le fruit de cette civilisation des énergies fossiles

C’est l’exploitation de ces énergies qui a permis au XIXe siècle le développement d’un système capitaliste puissant et structurant. Celui-ci a peu à peu dicté aux gouvernements les politiques à suivre. On en vint à considérer qu’une politique bonne pour la nation était celle qui était bonne pour le capitalisme. On trouva alors soit des régimes autoritaires pour accélérer l’industrialisation des pays (les totalitarismes européens et asiatiques, les dictatures d’Amérique latine), soit des démocraties libérales qui parièrent sur un bien-être minimal des peuples pour assurer la consommation (l’État-providence de la seconde moitié du XXe siècle).

Le meilleur de ce modèle doit être conservé : la liberté d’entreprendre mais aussi la possibilité de redistribuer les richesses.

3. Mais le modèle salarial devient caduque

Dans le même temps, les progrès technologiques rendent le modèle salarial peu à peu caduque, en remplaçant l’humain par les machines informatiques et robotiques. Les richesses sont de moins en moins redistribuées par le biais des salaires et des cotisations. Depuis la fin des Trente Glorieuses en Occident, le maintien de la pression dans la pompe économique passe par l’endettement des particuliers comme des puissances publiques, au profit d’intérêts financiers privés qui ont obtenu l’oreille des décideurs politiques à partir des années 1970-80 (Reagan, Thatcher…).

L’essoufflement de ce modèle provoque des souffrances diverses : chômage de masse, rétrécissement de la classe moyenne, augmentation des inégalités, frustrations et replis identitaires et nationalistes.

Il est devenu obligatoire de repenser la société en fonction du bien-être des habitants.

4. La sécurité internationale n’existera pas sans solidarité internationale.

La dépendance de notre niveau de bien-être est fondamentalement liée au recours aux énergies fossiles, notamment les hydrocarbures. Cela implique depuis cent ans une politique étrangère dominée par la protection des accès aux puits de pétrole. Les déséquilibres entre le Nord et le Sud ont été entretenus par une exportation dans les pays producteurs de ces inégalités aux profits d’une élite dirigeante locale. La conscience de ces injustices est à l’origine des tensions dangereuses dans lesquelles nos pays se démènent.

Il est nécessaire de repenser les relations internationales sur d’autres plans que ceux de la compétition pour l’accès aux énergies et aux matières premières.

Une diplomatie nouvelle doit se fonder sur les biens communs de l’humanité, qui préparent les prochaines générations à un mieux-vivre.

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Le début du XXIe siècle montre l’essoufflement de notre modèle de civilisation.

Il est nécessaire de répondre aussi à l’urgence de cette crise à faces multiples :

    1. La face économique et sociale. Nouvelle Donne y répond par le Partage du temps de travail, par la relance des emplois via une série de mesures (cf. Le plan d’urgence pour la France). Le Revenu de Base doit parfaire cette reconstitution du bien-être social commun ;

    2. La face environnementale. Nouvelle Donne promeut une transition énergétique et environnementale qui prend en compte les expérimentations faites à travers le monde. L’échelle européenne est essentielle pour financer cette politique (cf. Les 1000 milliards pour le climat).

    3. La face politique. Nouvelle Donne estime que la démocratie représentative est un acquis essentiel, mais que les institutions de la Ve République et les habitudes du personnel politique ne correspondent plus ni aux aspirations de nos concitoyens, ni aux nécessités historiques, ni à l’efficacité attendue face aux crises économique et environnementale. Une réflexion commune, fondée sur la nécessité de déprofessionnaliser la vie politique, doit être engagée, notamment en proposant une assemblée constituante.

Ces trois engagements se répondent les uns aux autres : la relance de l’emploi se fera par une politique fondée en grande partie sur le financement de la transition énergétique ; la transition environnementale ne peut être réussie que par un engagement général de la population, donc par un réinvestissement du politique par tout le monde ; ce réinvestissement n’est pensable qu’avec une politique économique qui redonne du temps libre, et la possibilité pour chacun d’avoir accès à la vie associative et culturelle.

Cela fait de Nouvelle Donne un mouvement fidèle aux valeurs humanistes qui ont fait l’honneur de la civilisation européenne depuis des siècles, tout en sachant remettre en question nos axes sociétaux fondamentaux quand ceux-ci ont montré leurs limites et leurs dysfonctionnements.

L’espoir peut enfin reprendre la main !