Thomas Pesquet a voyagé dans l’espace, on a vu les photos en parcourant Paris Match chez le dentiste, et on pouvait rêver : ce jeune homme bien sous tout rapport, qui a forcément dû méditer sur le monde depuis son vaisseau, a-t-il trouvé terribles et dérisoires les querelles humaines depuis l’immensité galactique, et dès son retour quel sera le message de ce héros des étoiles ?
Les partis politiques en France ont perdu parce leurs slogans et leurs programmes ne sont plus crédibles pour les jeunes générations, ce qui a été confirmé lors des récentes élections en 2017. Suite à ce rejet, la voie est libre pour toutes les manipulations, tous les mensonges de certains pour s’emparer du pouvoir. Que faire ? Nouvelle Donne a un bon message, et avec notamment le partage du temps de travail, le défi du réchauffement climatique, la citoyenneté, notre parti propose une offre politique raisonnable sur ces thèmes plus que jamais d’actualité. Est-ce suffisant pour se faire entendre à l’heure de la téléréalité que regardent les ados dès qu’ils rentrent du collège, à l’époque des chaines d’info en continu avec leur recherche du buzz permanent ?
La politique nous concerne tous, puisque c’est la seule manière de vivre le présent et préparer du mieux possible l’avenir ensemble, mais en réalité elle a fini par dégoûter tout le monde. Les affaires de corruption, le sentiment généralisé d’impuissance face à des élites mondialisées insensibles aux préoccupations quotidiennes, la répétition inéluctable des crises financières puis sociales, les conflits jamais résolus, tout pousse notre jeunesse à l’indifférence sur de tels sujets, sinon au découragement. L’alternance droite/gauche est terminée, on se dirige à présent vers un transhumanisme version Silicon Valley, doctrine néolibérale en vogue auprès des classes éduquées, informatisées et à l’aise dans le monde numérique, un monde de rêve qui semble avoir séduit Macron. Ce paradis 2.0 est contrebalancé par un repli sur soi des classes défavorisées, lesquelles se retrouvent dans les discours et les mensonges de leaders populistes à la mode en France comme partout en Europe, sans parler du retour en force vers le monde ténébreux des religions.
Il s’agit donc d’insuffler de l’espoir, à travers un discours solide et construit qui puisse réussir à être crédible et séduisant. Il faut plus que du courage pour porter un tel projet, nous avons besoin d’un héros.
Thomas Pesquet a voyagé dans l’espace, on l’a vu sur toutes les chaines de télé, il a pris un tas de photos, et puis ? Rien, il ne nous raconte rien de son aventure que nous ne sachions déjà depuis cinquante ans, depuis les traces de pas du premier homme à avoir marché sur la lune après Tintin. En fait, Thomas Pesquet, c’est le Tintin de notre époque numérique, mais rien de plus. Sportif, propre, débrouillard comme le célèbre reporter belge, et puis c’est tout. S’il avait un message à transmettre pour notre jeunesse, ce serait à peu près celui-ci : « il y a une vie après la Terre, étudiez, apprenez, rejoignez comme moi la nouvelle frontière du cosmos. Il y a de la place, c’est fun, open, et la vue est imprenable, la preuve, regardez mes photos. Mais pour le reste, là j’ai pas d’idée, vous devrez faire tintin ou vous adresser ailleurs ».
Si les rares personnes comme lui, qui ont eu la chance de s’extraire de la pesanteur terrestre durant quelques jours ou quelques mois n’en ramènent rien que des belles images, qui sur terre trouvera la force de s’extraire des choses du quotidien pour parler de l’avenir avec lucidité, qui portera le discours que tout le monde attend pour nous parler de ce qu’il nous arrive, de ce monde ouvert sur le temps et l’espace comme jamais dans l’histoire, et dont les enjeux vitaux sont finalement entre nos mains ? Aujourd’hui, nous marchons vers l’inconnu dirigés par des gens bardés des certitudes et des conflits du siècle passé, incapables de définir un projet qui donne du sens à nos sociétés.
Peut-être devrions-nous demander à Thomas Pesquet de nous rejoindre à Nouvelle Donne, remplir le vide sidéral de sa personne publique à partir de nos excellentes idées, et lui proposer d’en parler aux médias pour le plus grand bien de tous ?
Billet de Marc Beirnaert